Utilisation

La dermite associée à l’incontinence (DAI) : qu’est-ce que c’est ?

Description

La dermite associée à l’incontinence ou DAI ne se rencontre que chez les personnes souffrant d’incontinence fécale et/ou urinaire. Les patients, souvent âgés, à mobilité réduite ou en réanimation en sont les plus touchés. Cette inflammation de la peau entraîne au mieux une gêne éminente, au pire une altération de la peau telle que la gêne est remplacée par une pathologie douloureuse dont le traitement peut se compliquer et devenir très couteux.

La DAI fait partie des affections cutanées appelées, dans le domaine médical, altérations de la peau associées à l’humidité, plus connues sous l’appellation en anglais Moisture-Associated Skin Damage ou MASD. Le terme DAI se distingue des autres affections cutanées en ce sens qu’elle est caractérisées par le contact direct avec l’urine et/ou les selles dont la cause est une incontinence.

LA DAI ressemble beaucoup au début à un érythème. Elle peut prendre une couleur rouge foncé et laisser la peau à vif en cas de DAI sévère. Les zones touchées peuvent s’étaler sur une grande partie de la peau ou se fragmenter avec des bords non définis. En fonction de la gravité et de l’étendue de la plaie, le traitement de la DAI peut devenir complexe.
Le malade aura besoin de beaucoup de soins, éprouvera du mal à trouver le sommeil et suite à un traitement inefficace ou prolongé pourra développer parallèlement des infections fongiques.


Physiologie

On appelle couche cornée la partie la plus extérieure de la peau. Elle est formée de 15 à 20 couches de membranes superposées appelées cornéocytes. Ces dernières sont intégrées dans les tissus adipeux et liées entre elles par des liens protéiques nommés desmosomes. Les desmosomes constituent le squelette de la couche cornée.

L’ensemble de la couche cornée doit être suffisamment hydraté, mais pour autant pas surhydraté pour pouvoir accomplir son rôle protecteur. Les cornéocytes se composent de protéines, de sucres et d’autres éléments. Elles représentent le facteur hydratant naturel (FHN) et constituent une barrière efficace et souple contre les agressions extérieures.

Au contact fréquent de l’urine et/ou des matières fécales, les cornéocytes sont trop gorgées d’eau. Cette surhydratation brise la barrière protectrice de la couche cornée. Les substances irritantes pénètrent dès lors facilement dans la couche cornée et entraînent l’inflammation. La peau devient ainsi plus sujette aux lésions engendrées par le contact des vêtements, des changes et des draps (frottement) et aggravées par le grattage. La peau est alors fragilisée situation risquant d’entraîner des infections cutanées.

Un traitement non approprié de l’incontinence favorise le développement de la DAI, dont voici quelques exemples :

• Nettoyage inapproprié ou utilisation répétée de produits non adaptés au change pour un patient sujet à l’incontinence
• Recours à des dispositifs de protections occlusives ou de retenue de l’incontinence qui engendrerait une surhydratation de la couche cornée
• Lavage trop fréquent à l’eau et au savon qui réduirait considérablement les lipides et endommagerait ainsi les cornéocytes, laissant place alors à la sécheresse de la peau
• Utilisation d’un savon ou d’un lingette laissant des substances agressives sur la peau
• Un nettoyage trop agressif accompagné de frottements excessifs qui fragiliserait la peau.


Risques

La Dermite Associée à l’Incontinence augmente sensiblement le risque de développement d’escarres. Les victimes sont souvent les patients ayant des troubles de mobilité. Les professionnels de santé ont également constaté que ce risque engendrerait un score de sévérité important de la DAI. Il s’avère que des causes telles que : le contact fréquent avec l’humidité, le frottement, le contact avec les produits irritants (urines et selles, …) provoquent une pathologie dont l’aspect ressemble beaucoup aux lésions cutanées causées par la pression et le cisaillement (étiologie de l’escarre), rendant le diagnostic différentiel difficile entre la DAI et l’escarre. Quoi qu’il en soit, les altérations prolongées de la peau dues à l’incontinence sont source d’apparition d’escarres.

La pression mécanique à l’origine de l’escarre ou l’inflammation de la couche cornée dans le cas de la DAI tendent à rendre la peau plus fragile et donc plus sensible aux agressions cutanées. Pour les spécialistes, ces lésions peuvent apparaître au même endroit ou se disperser les unes près des autres, ce qui rendrait difficile la classification et le diagnostic.

Il est donc plus que conseillé de réduire rapidement tout ce qui peut conduire dans un premier temps à la dermite associée à l’incontinence puis dans un deuxième temps à l’apparition d’escarres.

 

Prévention

Une prévention efficace résulte de l’identification à temps des facteurs de risque. En premier lieu, l’exposition aux selles et à l’urine peut être considérablement réduite par le choix d’un change de qualité et la fréquence de son renouvellement, mais cela ne suffit pas. Il faudra aussi établir un plan de soin de la peau bien agencé tel un lavage en douceur, une bonne hydratation avec l’utilisation d’un émollient (en prévention seulement) ou encore l’application d’une substance protectrice sur la peau (en prévention ou en soin).

 

Les principaux facteurs de risques de la DAI :
• Le type d’incontinence : fécale, urinaire ou mixte
• La fréquence des épisodes d’incontinence (surtout fécale)
• Le recours aux changes occlusifs
• La dégradation de la peau (âge, pathologies, médicaments)
• Les problèmes de mobilité (réduite ou totale)
• Les troubles cognitifs
• L’incapacité à assurer sa propre hygiène
• La douleur
• La dénutrition
• L’usage de médicaments (immuno dépresseurs, antibiotiques ou corticoïdes)
• La fièvre
• Les soins d’hygiène non adaptés (souvent répétés et trop agressifs)



Conclusion :

La peau de tous les patients qui souffrent d’incontinence mérite d’être évaluée entre une à plusieurs fois par jour en fonction de l’apparition des signes spécifiques de la DAI. Il faut bien vérifier les zones de plis cutanés, les parties où la souillure et l’humidité ont tendance à stagner ou à s’accumuler. Le diagnostic des patients qui présentent un risque élevé de gravité de la DAI, en particulier ceux qui sont atteints de diarrhée, doit faire l’objet d’une évaluation plus stricte et plus régulière. La rapidité et l’efficacité du traitement conditionnent le confort du patient et la longueur de l’affection cutané ainsi que sa gravité, partant son coût.

 

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